2°) Propriétés physiques
Vénus tourne autour du Soleil en 224.7 jours tandis qu'elle tourne sur elle-même en 243 jours. Ceci provoque un premier paradoxe : le jour vénusien dure 117 jours terrestres.
Son inclinaison orbitale est tout aussi exceptionnelle. L'équateur est incliné de 178° sur l'orbite, ce qui signifie que sur Vénus le pôle sud est au nord ! Le fait d’avoir ainsi la tête à l’envers a pour conséquence que le Soleil se lève... à l’ouest et se couche à l’est ! C’est la seule planète du système solaire à présenter cette inversion qui ne s’explique que par la collision frontale de Vénus avec un gros astéroïde, peut-être aussi gros que la Lune, voici plusieurs milliards d’années.
La densité de Vénus est voisine de celle de la Terre, 5.26 contre 5.52 et l'on soupçonne une structure interne presque analogue. Son écorce est deux fois plus épaisse que celle de la Terre et c’est peut-être la raison pour laquelle il n'existe qu'une seule plaque tectonique basaltique sur Vénus, hérissée de montagnes, de bassins et de failles. La pesanteur vaut 0.91 fois celle qui règne sur Terre.
Tout cela serait parfait pour nos cosmonautes si la surface rocheuse de Vénus ne subissait pas une pression de 93 atmosphères qui nivela tous les reliefs.
Imaginez-vous que cette pression diabolique est équivalente à celle que vous subiriez en plongée à une profondeur de 931 m ! Il n’est pas question de sortir sans porter un scaphandre rigide...
Sans disposer d’un niveau marin de référence, arbitrairement les scientifiques ont décrété un niveau moyen, en-dessous duquel 16% de la surface est située, contre plus de 75% sur Terre.
La profondeur de ces bassins est d'environ 3000 m. Ces analogies avec la Terre font penser que les deux planètes se formèrent de la même façon, exception faite de l’évolution tectonique. D'autres observations viendront corroborer ce fait.
Vénus ne présente pas de plaques tectoniques qui auraient pu expliquer sa morphologie, mais elle présente les preuves d’une activité tectonique, volcanique et météoritique.
Sa surface présente de nombreuses cicatrices d’impacts mais elle fut criblée différemment de la Lune, Mercure ou Mars. L’âge moyen des surfaces est remarquablement jeune : environ 500 millions d’années, époque vers laquelle le volcanisme s’est éteint, alors que la Lune ou Mercure arbore des terres âgées de plus de 4 milliards d’années.
La morphologie des terres vénusiennes se divise en trois catégories :
les lowlands, résidant en-dessous du niveau zéro de référence;
lesmesolands, d’une altitude comprise entre 0 et 2 km;
les highlands, qui dépassent 2 km d’altitude.
La répartition des quelque mille cratères existants est tout à fait aléatoire. Leur dimension moyenne est de l’ordre de 1.5 km de diamètre. Certains cratères sont relativement vastes (400 à 600 km de diamètre) mais ils sont très peu profonds (moins de 700 m).
A gauche le cratère Mona Lisa mesure 86 km de diamètre et est tout à fait original. Non seulement il se trouve dans une zone très fracturée mais il présente des fractures multiples en son centre, des anneaux concentriques et une zone d'ejecta étendue. A droite le volcan éteint Sapas Mons dans la région d'Alta. Il s'élève à 1500m d'altitude. Cliquer sur les images pour les agrandir. Documents NASA/Magellan.
L’activité tectonique de Vénus se manifeste à travers ses nombreux volcans et fractures.
Un quart de la surface est couverte de highlands, tel le massif d'Aphrodite Terra, aussi vaste que l’Afrique, au bord duquel deux pics culminent respectivement à 9000 et 4300 m d'altitude. Une vallée large de 280 km parcourt cette chaîne de montagnes sur 2250 km. La sonde Magellan a également découvert sur Vénus le plus long fleuve de lave (solidifiée) du système solaire : il s'étend sur 6800 km et présente une largeur constante de 2 km ! C'est aussi dans le massif d'Aphrodite Terra que se trouve le canyon le plus profond. Il plonge à 2900 m sous le niveau moyen et ses parois culminent à 6000 m.
C'est dans le second massif montagneux,
baptisé Ishtar Terra, situé au-delà de 60° de latitude nord que l'on découvrit le plus haut sommet de Vénus, le mont Maxwell : il culmine à 11800 m. Cette zone de montagne témoigne du phénomène géologique inverse : la compression de l’écorce. Les montagnes sont situées dans une zone complexe, déformée, appelée tessera. Culminant au-dessus des plaines, ces régions sont fortement plissées et entourées de fractures et de failles géologiques.
Certaines régions plus tendres s’effritent sous l’action du vent et créent de vases sillons parallèles appelés yardang hérissés de crêtes. Les dépressions sont remplies de sable tandis que les reliefs sont mis à nu sous l’effet du vent dominant. Des formations identiques existent sur Terre, dans le désert du Tibesti.
Deux formations géologiques typiques de Vénus : des canaux de laves de largeur constante et extrêmement étendus et des dômes en forme de pancake. Ces images ont été réalisées par le radar à synthèse d'ouverture de la sonde Magellan. Cliquer sur les images pour les agrandir. Documents NASA/Magellan.
Ajoutons à cette nomenclature des centaines de dômes volcaniques d’environ vingt kilomètres de diamètre dont le sommet a été nivelé par la pression et la fluidité des laves. Dénommés pancakes, ils ne dépassent pas 750 m d’altitude. Des formations similaires existent sur Terre, dans l’état de Californie.